Bosnie Herzégovine
Mostar
Reliée par les transports en commun à la capitale Sarajevo ou aux villes croates de Split et Dubrovnik, Mostar se trouve au sud du pays. L'histoire y est omniprésente à travers la ville. Ainsi peut-on y voir les traces des guerres balkaniques de la fin du XXème siècle qui sont encore clairement visibles que ce soit à travers des immeubles dont il ne subsiste que les murs ou des éclats d'obus et balles. A titre personnel, je trouve cela d'autant plus marquant qu'il n'y a pas beaucoup d'occasion de voir par ses propres yeux de tels témoignages sur notre continent plutôt pacifié.
Heureusement, Mostar est classée pour d'autres raisons plus réjouissantes : son centre-historique et son vieux pont sont emblématiques de l'occupation ottomane du sud-est de l'Europe et d'une implantation de l'islam depuis de nombreux siècles. Tout comme à Sarajevo, on a ici des exemples de bonnes cohabitations des religions quand les nationalismes sont exacerbés dans tant d'autres pays. Et il faut le dire cette architecture unique apporte un sacré cachet à la ville par endroit dénaturée par le tourisme.
La plus belle vue, c'est probablement celle du pont Stari Most en V inversé qui surplombe la Neretva. Une rampe inclinée en pavés lisses, une tour attenante, des points de vue à foisons que l'on soit dessus, sur la rue panoramique qui y conduit ou en contrebas au bord de la rivière. Le pont fut détruit par les croates en 1993 mais a été reconstruit à l'identique. Attirant une foule immense, il a même suscité des vocations : celles de quelques plongeurs qui, pour une poignée de pièces, feront un salto de plusieurs dizaines de mètres pour rejoindre les eaux turquoises.
Enfin, je recommande une excursion à Blagaj dans les alentours. Il s'agit d'un monastère derviche situé au bord d'une source qui sort de la paroi d'une falaise à pic. On peut le rejoindre en bus de ville depuis la place d'Espagne (devant le collège ou lycée) et descendre au terminus après environ 45 min de trajet. Il s'agit des bus 10 ou 12. Le trajet coûte 2.1 marks par sens, l'entrée du site 5 marks.
Visegrad
L'autre site inscrit à l'UNESCO que j'ai visité est un autre pont : le pont Mehmed Pacha Sokolovic. Il se trouve dans la ville de Visegrad, non loin de la frontière serbe et à quelques heures de Sarajevo en bus (22 marks le trajet AR en mai 2018). Ce pont a été popularisé par un livre d'Ivo Andric : le Pont sur la Drina. Il a été construit au XVème siècle sur ordre du grand vizir par le plus grand architecte de la cour de l'époque. Le pont est coudé d'un côté avec une rampe d'accès, il comprend 11 arches et est de style clairement ottoman. Il fut détruit au cours de la 2nde guerre mondiale et reconstruit à l'identique également. Dans son livre, Andric parle de tous les châtiments terrifiants infligés aux insoumis et autres infidèles au cours de plusieurs générations, avec une préférence marquée pour l'empalement. Aussi peut-on dire qu'à l'époque ce pont était à la Bosnie, ce que la guillotine était à la France révolutionnaire : un instrument de terreur. Enfin, comme tant d'édifices du même type c'est aussi un trait d'union favorisant le développement des échanges commerciaux et la diffusion des idées sur ses deux rives.
Plusieurs points de vue sont intéressants : mirador depuis la falaise sur la rive la moins développée, au sommet de la colline de la croix, sur les rives enfin.
Et pour prolonger un peu la visite, je vous recommande "Andricgrad" un projet farfelu de l'Emir Kosturica, réalisateur et musicien serbe reconnu, qui a créé là une sorte de cité idéale à l'architecture véritablement très éclectique.
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